Koffi Yamgnane : Le récit d’un maire togolais victime de racisme en France

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Koffi Yamgnane homme politique d’origine togolaise et ancien maire en France vient de sortir un ouvrage dans lequel il ressuscite les déboires qu’il a vécus sur son territoire d’adoption. L’ancien secrétaire d’État à l’intégration a été victime de racisme. Il le raconte dans un ouvrage intitulé  » Les mémoires d’outre-haine« .

Arrivé en France dans les années 60, Koffi Yamgnane a été élu maire de la Commune de Saint-Coulit en Bretagne, en 1989. Tout au long de sa carrière politique en France, il a reçu des centaines de messages racistes qu’il accepte aujourd’hui de mettre en ouvrage, après plusieurs années d’hésitation. Interrogé par les confrères de Radio France International, l’ancien candidat aux élections présidentielles au Togo, répond:

Premier maire en France métropolitaine à l’époque, Koffi Yamgnane garde des souvenirs assez vivaces de ce qu’il a connu, quand il a pris fonction:

«Je veux témoigner de ce que j’ai connu. Je pense que c’est important que les français sachent que ça existe. Pour autant, j’ai hésité longtemps, depuis trente ans. Par moment je me suis dit que ça ne servait à rien, que ces gens ne vont pas nous lire; et puis finalement je me suis laissé convaincre et j’ai témoigné. »

Koffi Yamgnane parle d’hésitation à publier les lettres à caractère raciste qu’il a reçues avec tout ce que cela comportait de violent, à son égard mais aussi à l’égard de ses proches:

« L’hésitation, c’est que je me suis dit que si j’écris ça, là comme ça tout de suite, ils vont se dire: voilà nous avons gagné. Je raconte dedans un moment où j’ai tellement eu peur parce qu’ils ont menacé et s’attaquer à ma famille. Je pensais qu’il fallait que je démissionne. Moi je ne demandais rien. Les villageois sont venus me demander de me présenter, je me suis présenté, ils m’ont élu voilà je m’en arrêtais là. C’est ma femme qui m’a persuadé donc je suis resté et en suite j’ai continué à réfléchir et me dire bon finalement il faut que je publie quelque chose. Il faut que les français comprennent ce qui se passe dans notre société. »

«Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit!»

Koffi Yamgnane en publiant cet ouvrage tient à ôter au fait de racisme, la banalité avec laquelle il est géré. Il rappelle qu’il s’agit bien d’un délit:

« Maintenant, ils ont les réseaux sociaux, ils ont des justifications. Lorsque un parti comme le RN anciennement le FN (Front national) se permet de dire n’importe quoi, moi j’ai reçu beaucoup de courriers avec la flamme du
Front National. J’ai même reçu un courrier en provenance du département du Finistère; il est dans le livre avec l’entête, la flamme et tout ça. Donc tout cela a permis aux gens de se dire que finalement ils pouvaient y aller.
Alors que le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit! Je veux donc le rappeler aux français pour qu’ils comprennent que nous ne sommes pas ici pour prendre le pain des blancs, les femmes des blancs, ce n’est pas vrai. Nous sommes ici parce que l’histoire nous a amenés ici. Nos grands parents, arrières grands-parents se sont battus dans ce pays, ont versé leur sang pour que la France soit ce qu’elle est aujourd’hui. Je ne vois pas au nom de quelle logique sous prétexte qu’on est blanc, on est nécessairement supérieur à des millions d’hommes et de femmes sous prétexte qu’ils sont noirs. J’aimerais bien en parler avec eux, qu’ils m’expliquent ce qui les a amenés à penser ça.

Tel un conte Bassar…

Malgré tout ce qu’il a connu, le togolais met de la bienveillance dans son récit tel un conte Bassar, histoire d’abord de calmer le jeu, mais aussi d’apporter sa part à la contribution d’une société plus égalitaire :

« Je fais ce que je peux pour que ça arrive et je sais que j’en ai encore pour longtemps et peut-être mes enfants, et peut-être mes petits enfants, et peut-être mes arrières petits enfants, ils seront toujours considérés comme des métèques en France. J’espère qu’un jour la France, l’humanité aura compris que l’avenir de l’humanité est dans les métissages. Métissage raciale, métissage culturel, métissage religieux. On ne pourra pas passer au travers de ça. La haine ne mène à rien. Le sentiment de haine doit être aboli dans toutes sociétés, que ce soit dans la société française, la société togolaise , malienne ou ailleurs.»

Crédit Photo : D.R

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