Le Togo est frappé dans sa partie septentrionale par des attaques terroristes. Depuis quelques années déjà, les forces de défense et de sécurité s’activent pour venir à bout de ces « ennemis » de la République. Parmi les stratégies, les autorités ont toujours appelé les populations à la collaboration. Pourtant, cette collaboration semble avoir du plomb dans l’aile. Pour donc rassurer les populations, plusieurs mécanismes sont mis en place.
« Ne dormez pas sur vos lauriers. Continuez d’être vigilants, continuez d’aider les Forces de défenses et de sécurité ainsi que les autorités administratives et politiques, car c’est ensemble que nous allons préserver la paix et la sécurité dans les Savanes« , avait lancé Faure Gnassingbé à l’endroit des populations de la région des Savanes le 21 janvier dernier. Il est donc clair que la lutte contre le terrorisme ne peut être efficace sans l’accompagnement des populations à l’endroit des forces de défense et de sécurité. Cependant, certains citoyens demeurent encore réfractaires. Les raisons sont nombreuses. Parmi elles, les relations entre eux (citoyens) et agents des forces de l’ordre et de sécurité.
« Quand on voit comment les policiers et gendarmes là nous traitent, comment on peut les aider ? Ils se pensent tout permis. Ils nous trichent, abusent, et leurs supérieurs les protègent. Et vous pensez que je vais les accompagner ? », confie un citoyen. « Regarde. En circulation, un policier vient t’arrêter, il te dit des choses pas gaies et quand tu lui réponds, il arrache ta moto. Au commissariat, il dit des mensonges, son chef le soutient et on te fait payer. Ou bien, quand il t’arrête, des fois sans raison, il veut que tu lui donnes de l’argent. Quand tu refuses, il trouve quelque chose pour t’obliger à dépenser », s’en plaint un autre. Face à ces situations, la confiance est brisée entre citoyens et forces de l’ordre et de sécurité.
Cette situation est bien connue des premières autorités du pays notamment au Ministère de la sécurité et de la Protection civile. Plusieurs initiatives sont prises pour rapprocher les forces de l’ordre et de sécurité des populations. Déjà en 2016, le gouvernement avait lancé le concept de police de proximité pour faciliter la collaboration entre les « corps habillés » et les populations. « Aujourd’hui aucun Etat ne peut se développer si les différentes parties supposées s’entraider ne travaillent pas ensemble. Si le citoyen n’a pas confiance en son Etat, comment voulez-vous que le système évolue et se développe. En général, on peut constater qu’il y a un fossé qui fait que la population ne croit pas en l’Etat. La preuve est qu’il y a une grande majorité de la population qui ne croit pas dans les services publics et notamment les forces de sécurité et de l’ordre. Si on veut que le pays avance, il faut que la donne change », avait exhorté Ralf Wittek, Représentant de la fondation Hans Seiddel 2016.
Cet appel a été entendu et les initiatives se sont multipliées. En 2019, le gouvernement a instauré le 1014, un numéro vert pour « tout citoyen, victime ou témoin d’un acte de corruption ou d’indélicatesse commis par un personnel des forces de sécurité ou d’un fait d’insécurité, pour dénoncer ces situations afin que des mesures urgentes soient prises en temps réel ». Cependant, 05 ans après, le constat est alarmant. « Les gens n’appellent pas. Ils sont victimes de ces actes, ne dénoncent pas et ils s’en plaignent ailleurs », a déploré une source au ministère de la Sécurité. Pour certains citoyens, cela s’explique par le manque de confiance. Une situation à laquelle le gouvernement rassure. « Lorsque vous appelez, nous vous prenons des informations sur les faits. Après, nous vous demandons de donner le téléphone à l’agent et nous réglons, séance tenante. Si c’est dans un commissariat, nous suivons le dossier pour lequel vous y êtes et lorsque c’est prêt, on vous contacte pour aller récupérer. Nous avons besoin de tout le monde. Il faut que les citoyens nous aident à mettre fin à ces pratiques. Nous avons besoin d’eux et tant qu’ils ne remontent pas les informations, c’est qu’ils se rendent complices et contribuent à les perpétuer », affirme notre source.
Le service 1014 est opérationnel tous les jours de la semaine et à toute heure.