Paris / Procès du bombardement de Bouaké : En quoi le Togo est cité…

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Le 6 novembre 2004, l’on a assisté à Bouaké, au bombardement d’un camp de l’opération française Licorne, par des avions ivoiriens. Le bilan donne neuf soldats français et un civil américain tués plus 38 blessés. 16 années après les faits, le procès des pilotes des avions s’ouvre ce lundi aux assises de Paris, mais ils ne seront pas présents. Quelque épisode concerne le Togo.

Les pilotes ayant mené le raid sur Bouaké en novembre 2004 sont poursuivis pour assassinats, tentatives d’assassinat et destruction de biens, renseigne Rfi.fr. Mais en effet, le procès se déroulera sans les accusés. Le box de la Cour d’assises de Paris sera vide.

Ce lundi, aucun des accusés du bombardement ne donnera un quelconque éclaircissement dans cette affaire. Les zones d’ombres persistent et les victimes puis leurs proches ne sont pas au bout de leurs peines. Le contexte qui a prévalu à cette époque est celui-ci: En novembre 2004, la Côte d’Ivoire est écartelée entre les forces loyalistes de Laurent Gbagbo qui on pris le sud puis les rebelles fidèles de Guillaume Soro qui occupent le nord. Entre ces deux factions, il y a les Casques Bleus et les Français de la force Licorne. Des accords de cessez-le-feu ont été signés en 2003 mais cela n’a visiblement rien arrangé. Contre l’avis du président Chirac, Laurent Gbagbo lance le 4 novembre une opération de reconquête notamment sur Bouaké, fief de la rébellion. Après avoir bombardé des positions rebelles jusque dans la matinée du 6, à la mi-journée, les avions Sukhoi ivoiriens se tournent vers le camp français et y envoient des projectiles.

Voici en quoi le nom du Togo est cité…

Dix jours après l’attaque menée sur le camp français de Bouaké, huit ressortissants Biélorusses, sont arrêtés au Togo. Ils sont soupçonnés d’être liés ou même les auteurs du bombardement. À cette époque en France, le ministère de l’Intérieur était géré par Dominique de Villepin. Celui de la Défense était sous les ordres de Michèle Alliot-Marie et les Affaires étrangères étaient du ressort de Michel Barnier. Alertés, aucun des trois n’a donné la moindre suite, ce qui fait planer aujourd’hui le spectre d’une responsabilité française sur ladite affaire. Le Togo relâche donc les pilotes.

Maître Jean Balan, avocat de la majorité des parties civiles y voit une implication de Paris, rapporte Rfi.fr . « La réalité pour moi est extrêmement simple. Pour moi, la France, enfin, une camarilla au pouvoir est à l’origine de ce bombardement. Les morts n’étaient pas voulus. Quand les morts sont intervenues, il y a eu la panique la plus totale et donc les mensonges, les uns après les autres. »

Cet avocat essaie de démêler cette affaire depuis maintenant 16 ans. Il poursuit: « ils ont fait ça avec l’intention expresse de se débarrasser de Gbagbo, en disant : « voilà Gbagbo nous a attaqué donc bon, on va se débarrasser de lui ». Qui, précisément, aurait donné l’ordre ? On ne le sait pas », déplore Maître Jean Balan, puis il assène : « Tout ce qu’on sait, c’est qu’on a fait absolument le maximum, par des gens comme Villepin et Alliot-Marie, pour ne jamais pouvoir interroger ou arrêter les responsables matériels, pour que ces derniers ne puissent jamais être entendus par la justice française ».

Les trois ministres attendus au procès…

À compter de ce lundi, les déclarations des ministres sont très attendues. Déjà en février 2016, la juge d’instruction Sabine Khéris considérait déjà que « tout a été orchestré afin qu’il ne soit pas possible d’arrêter, d’interroger ou de juger les auteurs biélorusses du bombardement ». Elle estimais à cette époque que « la décision de ne rien faire concernant les pilotes arrêtés au Togo a été prise à l’identique par le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Défense et le ministère des Affaires étrangères ».

Sabine Khéris avait alors demandé la saisine de la Cour de justice de la République, la seule cour qui est habilitée à juger des ministres. Contre toute attente, la commission des requêtes de la CJR a décidé le 17 mai 2019 de ne pas poursuivre Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin et Michel Barnier, au motif que:  » l’« inaction » de ces derniers ne suffisait pas à justifier des poursuites et que les soupçons d’entrave aux investigations n’étaient pas étayés. »

Le site français d’informations renseigne que les trois anciens ministres sont néanmoins censés être présents comme témoins lors du procès qui s’ouvre.

Quelques victimes, malgré tout, tel Jean-Paul Roko, lui-même ancien soldat, ne croient pas à l’implication de la France. Il semble s’interroger sur la conduite du Togo, à cette époque : « Avoir arrêté des pilotes, des mercenaires, et les avoir relâchés, c’est quand même incroyable !» s’offusque-t-il. Puis il s’interroge : « Pourquoi ne pas avoir donné le feu vert pour les arrêter ou les faire transférer en France, pourquoi ? » Et il ajoute: « Les secrets-défense, s’il y en a, il faut les lever, on veut des réponses ! »

Crédit Photo : D.R

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